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502 millions de DH pour appuyer les chantiers de la région
Des consultations pour lancer une vision territoriale
Collectivités, coopératives et banques… des partenaires

Jamila El Moussali veut mettre en oeuvre une vision territoriale de l’économie sociale et solidaire. La Secrétaire d’Etat chargée de l’Artisanat et de l’Économie sociale peut compter désormais sur l’appui du président du Conseil régional de Fès-Meknès. Mohand Laenser lui a promis son soutien (Ph YSA)

Préparer une nouvelle stratégie nationale de l’économie sociale et solidaire qui tient compte des réalités régionales. C’est la conviction de Jamila El Moussali, Secrétaire d’État chargée de l’Artisanat et de l’Économie sociale qui s’est déplacée dernièrement, à Fès, afin d’esquisser les différentes possibilités d’engagement et de partenariat avec les responsables des collectivités territoriales, artisans, et bailleurs de fonds.

Pour elle, «cette 10e rencontre régionale de concertation vise à penser une économie sociale et solidaire, institutionnaliser un levier de développement, et créer l’emploi au niveau local». L’Economiste revient sur les principaux points de la démarche proposée par la représentante du gouvernement.

■ Assurer une dimension de solidarité économique
Lancée par le ministère du tourisme, du transport aérien, de l’artisanat et de l’économie sociale et le secrétariat d’État chargé de l’Artisanat et de l’Économie sociale, cette rencontre tend à poser les jalons d’une stratégie nationale pour l’économie sociale et solidaire «vision 2028», avec la participation de l’ensemble des acteurs institutionnels du secteur, les  coopératives, les associations, ainsi que les partenaires financiers.
En effet, il s’agit d’initier une démarche participative visant à sélectionner les projets à financer, croiser les visions des différents intervenants, et adopter les bonnes pratiques. Cette consultation sur l’élaboration de la stratégie nationale et des programmes d’action de l’économie sociale et solidaire dans la région Fès-Meknès entend assurer une dimension de solidarité, en tant que culture, ancrée dans la société marocaine. «Une stratégie qu’il faut s’approprier dans le cadre d’une vision territoriale et contractuelle», précise la Secrétaire d’Etat.

■ Profiter de l’expérience des autres pays et l’expertise de l’INDH
L’économie sociale et solidaire participe avec plus de 10% dans le PIB dans certains pays et emploie plus de 50% de la population. De l’avis d’El Moussali, «le Maroc devrait s’inscrire dans cette voie afin d’endiguer le chômage des jeunes». D’autant que ce genre d’économie est enracinée à travers l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), dont la 3e génération sera lancée incessamment. En attendant, l’artisanat, eu égard à ses dimensions culturelles et solidaires et sa contribution dans le développement socio-économique de la médina de Fès, pourrait être une niche pour l’économie sociale et solidaire. «Il s’agit une richesse nationale matérielle et immatérielle et un capital précieux inépuisable, à sauvegarder, développer et promouvoir. Ce, grâce notamment à la formation et la qualification des jeunes artisans et leur accompagnement dans l’amélioration de la qualité de leur production, le marketing et la commercialisation», note la ministre.

■ Institutionnaliser la formation et lancer des universités pour artisans
Concrètement, El Moussali propose d’institutionnaliser la formation des artisans, lancer des universités pour les jeunes apprentis, et s’ouvrir sur l’environnement économique et scientifique local. Développer les matières premières, diversifier les sources de financement, et apporter l’expertise de l’INDH, ne sont pas en reste. «En matière de commercialisation, il faut travailler sur la promotion des produits d’artisanat en utilisant les nouvelles technologies (Internet)», conseille-t-elle. Car, les artisans doivent s’adapter au marché, proposer des produits design, et être fiers d’avoir «conservé des métiers ancestraux» et très recherchés. Pour réussir, ils doivent également associer les femmes et s’organiser dans des coopératives, afin de constituer une véritable force. Notons par ailleurs que la restauration des foundouks de la médina, ainsi que d’autres sites historiques, et leur réouverture en tant que marchés d’artisanat garantiraient une certaine pérennité des métiers et des revenus importants pour les artisans. El Moussali rappelle, à juste titre, que ce secteur emploie 2,3 millions de personnes au Maroc. Il participe au PIB national à hauteur de 5% et recèle quelque 20.000 corporations d’artisans.

■ Ce que pèse l’artisanat au niveau régional
Au niveau de la région Fès-Meknès, l’artisanat génère des revenus pour plus de 105.100 artisans. Et rien qu’à Fès, ce secteur fait vivre directement ou indirectement plus de 260.000 personnes, soit 27% des habitants de la médina. A noter que le chiffre d’affaires de cette activité s’élève à plus de 4 milliards de DH, soit 47% des exportations marocaines du secteur. «Et l’ambition est de doper ces chiffres, en engageant une vision appropriée en partenariat avec les différents acteurs», estime Mohand Laenser, président du Conseil régional. Signalons enfin que son Conseil entend appuyer des centaines de projets solidaires pour une enveloppe globale de 502 millions de DH. «Pour commencer,  39 projets de ce genre sont menés en partenariat avec la région Centre Val-de-Loire pour un budget de 9 millions de DH», conclut Majda Benarbia, vice-présidente du Conseil régional.

Les axes prioritaires

La nouvelle stratégie nationale de l’économie sociale et solidaire devrait être basée sur trois axes prioritaires. Outre la participation de tous les acteurs, ses concepteurs misent sur la convergence entre les divers intervenants et l’appropriation de la stratégie par tous. «De cette manière, l’on pourrait assurer la mise en œuvre et la réussite de toutes les initiatives», souligne Jamila El Moussali. Pour elle, les artisans doivent explorer d’autres possibilités d’investissement dans le secteur afin d’insuffler une nouvelle dynamique économique régionale. Notons que le PIB régional s’élève à 86,7 milliards de DH (9,4% du PIB national). Ce qui place la circonscription Fès-Meknès en 4e position au niveau économique. Faut-il rappeler que le taux d’analphabétisme de la région est de 35%, celui de la pauvreté est de 5,2%.

De notre correspondant permanent, Youness SAAD ALAMI

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